LE TRAITE ENTRE LE ROI ANTIOCHOS ET LY SIM ACHEI A
A. Bruckner a publié en 1902 un petit fragment inscrit trouvé à Ilion : il y est question de l'exposition de stèles, dont « une à Lysimacheia à côté de l'autel de Zeus Sauveur, une autre à Samothrace dans le sanctuaire des Grands Dieux » ; on lit ou restitue ensuite : « que [le roi An]tiochos jure le [serment suivant...] ». A. Bruckner proposa d'identifier ce roi avec Antiochos III 1. Récemment, P. Frisch a publié, avant de l'insérer dans son recueil des inscriptions d'Ilion, un second fragment, beaucoup plus long, qui appartiendrait selon lui à la même pierre 2 : il contient les serments prêtés par un roi Antiochos et par la cité de Lysimacheia, serments qui sanctionnaient un traité d'alliance dont le texte avait dû être exposé dans plusieurs sanctuaires, notamment dans celui d'Athéna Ilias. Reprenant à son compte l'hypothèse de Bruckner, P. Frisch a attribué ce traité à Antiochos III, dont on sait qu'en 196 il releva Lysimacheia ruinée par une incursion thrace. Le roi Antiochos,
1. A. Briickner dans W. Dôrpfeld, Troja und Ilion, II (1902), p. 448, n° III : « die Xennung von Lysimacheia in Verbindung mit einem Antiochos lâsst sich unter der Annahme erklâren, dass die Urkunde zwischen 196 und 190 abgefasst ist, als Antiochos der Grosse die Stadt wieder aufbaute und zur Hauptstadt seiner europaischen Eroberung machte ». L'argument ne serait décisif que si Antiochos III avait été le seul roi séleucide de ce nom à avoir exercé sa domination sur Lysimacheia. Or nous savons maintenant qu'il n'en fut rien, puisqu'y furent frappées des monnaies d'Antiochos II et d'Antio- chos Hiérax (cf. infra p. 342). A. Briickner fut suivi notamment par C. Fredrich, en 1909, dans les IG, XII 8, testimonia sur Samothrace p. 38 ; C. B. Welles, Royal Corr. (1934), p. 176 (« an oath taken in (Antiochos') name », dans le commentaire d'un fragment de lettre que Briickner — n° IV — • tendait à attribuer à des autorités romaines et que Welles — n° 42 — préfère attribuer également à Antiochos III) ; D. Magie, Roman Rule II (1950), p. 948, n. 52 (« a fragment of an inscription containing an oath either in the name of a king called Antiochus or of allegiance to him has been connected, because of the mention of Lysimacheia in Thrace, with Antiochus III ») ; H. Schmitt, Unter suchungen z.Gesch. Antiochos' des Grossen (1964), p. 293, n. 4 (« scheint einen Eid der Burger bei Antiochos zu enthalten »).
2. P. Frisch et Z. Tashliklioglu, New Inscriptions from the Troad, Z. Pap. Ep., l7 (l975)> P- 102-106, n° 1 (avec photographie) ; P. Frisch, Die Inschriften von Ilion (1975). n° 45-
