Pour une utilisation plus efficace du phosphore dans les agrosystèmes - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Comptes Rendus de l'Académie d'Agriculture de France Année : 2012

Pour une utilisation plus efficace du phosphore dans les agrosystèmes

Résumé

Le phosphore (P) est un des 29 éléments strictement indispensables au vivant. Il est à la fois irremplaçable et non renouvelable à l’échelle humaine. Dans les volumes de sol exploités par les racines il est presque un élément trace, puisque sa teneur y est comprise entre 0,03 et 0,3 %. Il devient systématiquement le premier des facteurs limitant la production agricole chaque fois que les exportations de P dues aux récoltes se poursuivent, plusieurs années durant, sans restitution de P. Thomas Nesme fera le panorama des flux entrées/sorties de P à l'échelle de la France et l’analyse de leurs déterminants en soulignant que les situations régionales peuvent être très tranchées. Il convient donc, a minima, pour pouvoir récolter en fonction des potentialités agropédoclimatiques des parcelles agricoles, de restituer aux terres les quantités de P exportées avec les récoltes. Cette restitution a lieu sous forme de P, transformé ou non, issu de gisements de phosphates naturels ou bien sous forme de produits ayant transité dans le vivant végétal et/ou animal. A l’image des ressources fossiles énergétiques (pétrole, charbon, gaz), l’exploitation des réserves fossiles P dans lesquelles la teneur du P n’est jamais inférieure à 10 %, soit en moyenne 1000 fois supérieure à celle des terres, atteindra un maximum, le « pic » de production, à une échéance, très incertaine suivant l’estimation des réserves économiquement exploitables et de la demande mondiale de P, mais comprise entre 150 et 300 ans. La raréfaction du P minier est donc certaine à l’échelle humaine. La connaissance des conditions de recyclage dans les cultures, d’une part du P, apporté en excédent en Europe Occidentale par rapport aux exportations dues aux récoltes, et d’autre part du P recyclé via le vivant devient un impératif matériel et éthique. Philippe Hinsinger nous contera comment les organismes vivants des terres (racines, microorganismes telluriques et associations végétales) peuvent développer des mécanismes contribuant à remettre à disposition des cultures des phosphates fort peu utilisables. Emmanuel Frossard illustrera les possibilités de recyclage du P contenu dans des cendres de boues de station d’épuration des eaux usées domestiques. Tous ces questionnements autorisent à se demander si la raréfaction des réserves de P fossile ne sera pas un des prochains défis majeurs pour l’Agriculture. A l’image de ce que l’on connaît dans certaines terres des zones africaines intertropicales, P pourrait devenir également en Europe occidentale, encore plus critique pour la production végétale que l’azote (N) pour lequel on dispose des mécanismes de fixation symbiotique qui réinjectent N atmosphérique dans les terres.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01268022 , version 1 (04-02-2016)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01268022 , version 1
  • PRODINRA : 194091

Citer

Jean-Claude Fardeau, Emmanuel Frossard, Christian Morel. Pour une utilisation plus efficace du phosphore dans les agrosystèmes. Comptes Rendus de l'Académie d'Agriculture de France, 2012, 98 (4), pp.29-37. ⟨hal-01268022⟩
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